Trait de côte
La liberté nous avait manqué.
Trois ans après Ouessant, l’appel du large a de nouveau résonné. Il y avait eu, entre temps, la pandémie, les confinements à répétition, puis la reprise molle de l’activité, et la nécessité vitale de répondre aux commandes. Nous avons longuement erré sur la carte de France, avec cette fois-ci une boussole en tête pour choisir la destination : la question prégnante de la montée des eaux. Serait-ce les Landes, et l’effondrement de leurs dunes ? Serait-ce Noirmoutier, dont les deux tiers du territoire se situent sous le niveau de la mer ? Ce fut Dunkerque, avec son polder également sous le niveau de la mer, cisaillé par les wateringues, et son littoral ponctué de quatorze usines Seveso et une centrale nucléaire. Comme à Ouessant, nous avons écouté les paysages, longé les canaux, pédalé sous des trombes de pluie. La digue du Braek nous a aimantés, la frontière belge nous a captivés, les ciels du Nord nous ont conquis. Chacun de nos projets interroge sur le devenir de ce territoire à +1 mètre d’eau. Nous n’avons pas cherché de réponses, nous nous sommes juste laissés porter par nos ressentis.
Résidence photographique avec les photographes du collectif Le Terrier. (texte : Elodie Ratsimbazafy)